Dans cette tribune, nous publions les réflexions, contributions, lettres ouvertes, courriers, réactions «sur le vif» des membres de l’OLTR ou les documents que l’OLTR a choisi de porter de tous ceux qui seraient interessés par le débat suscité par l’OLTR.
Le point de vue des auteurs peut ne pas correspondre à celui de l’OLTR.
La grave crise que traverse l’Archevêché des Eglises orthodoxes russes en Europe occidentale n’est peut-être qu’une réplique d’une crise majeure qui affecte l’Eglise orthodoxe dans son ensemble.
En novembre 2018, par une décision soudaine et brutale, sans aucune consultation avec l’Archevêque, le patriarcat de Constantinople révoque le tomos de 1999 qui conférait à l’Archevêché le statut d’exarchat. Il intime aux paroisses l’ordre de rejoindre, chacune où elles se situent, les différentes métropoles de leur pays. En même temps qu’exiger sa dilution, il prive, alors, l’Archevêché de tout rattachement au plérôme de l’Eglise orthodoxe.
L’archevêque, Monseigneur Jean (Renneteau), a la charge des paroisses de l’Archevêché. On ne rappellera jamais assez cette règle canonique de l’Eglise orthodoxe : il incombe à l’évêque et à lui seul, la responsabilité des décisions pour toutes les questions aussi bien administratives que fondamentalement théologiques. Mais il appartient, aussi, à l’évêque de s’assurer que ses décisions seront reçues.
L’OLTR a récemment exprimé sa plus vive inquiétude[i] quant à la situation de l’Eglise orthodoxe en Ukraine. Nos craintes se sont, malheureusement, vérifiées. Toute notre admiration va à l’Eglise orthodoxe en Ukraine, sous l’omophore spirituelle de Mgr Onuphre, qui a su conserver son autorité sur l’Eglise ; ce qui, en fait, est une évidente réception du Concile de Moscou de 1917[ii] quand l’Eglise se démarque de sa soumission au pouvoir politique. Nous reviendrons sur cette situation et sur ses conséquences sur l’Unité de l’Eglise orthodoxe. Mais un autre bouleversement est apparu. Le patriarcat de Constantinople a décidé, très soudainement, de révoquer le Tomos de 1999 par lequel il octroyait le statut d’exarchat à l’Archevêché. Cette situation nouvelle impose à l’Archevêché de réfléchir à son destin.
La crise que traverse, actuellement, le monde orthodoxe est très grave. Ce sont, surtout, deux conceptions fondamentalement différentes de l'organisation de l'Eglise qui s'opposent. D'une part, Le patriarcat de Constantinople revendique une juridiction universelle, un droit d'ingérence dans toutes les autres Eglises autocéphales, un pouvoir exclusif de décision (par exemple pour l'octroi de l'autocéphalie) qui s'imposerait à toute l'Eglise Orthodoxe. Non sans raison, cette forme d'organisation est qualifiée de « papisme » oriental. D'autre part, suivant la conception traditionnelle de l'Eglise Orthodoxe, nous avons quinze églises autocéphales qui se reconnaissent mutuellement (c'est ce qui leur octroie la qualité d'être canonique). Chacune est indépendante dans la conduite de sa vie ecclésiale, sur son territoire canonique et, toutes ensemble, elles sont également responsables de la vie de l'Eglise. C'est cette conception traditionnelle de l'Eglise Orthodoxe (avec un patriarche de Constantinople qui dispose d'une primauté d'honneur) que défend, entre autres, le patriarcat de Moscou.
Solidaire de la seule Eglise orthodoxe canonique d'Ukraine, l'OLTR, de sa propre initiative, décide qu'il est indispensable de mettre à contribution son site internet pour faire connaitre le plus largement possible la déclaration du département des relations extérieures de l'Église orthodoxe ukrainienne au sujet de la nomination des exarques à Kiev par le Patriarcat de Constantinople.
Septembre 2018
Gueorguy von ROSENSCHILD
Président de l'OLTR