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O L T R
MOUVEMENT POUR UNE ORTHODOXIE LOCALE
DE TRADITION RUSSE en Europe occidentale
“ Nous avons transmis la foi, l’espoir et l’amour du Seigneur à nos jeunes et aux natifs d’Occident...
Mais nous ne pouvons vivre que parce que nos racines demeurent dans la Sainte Russie. ”

Editorial de Novembre 2016 - Entendre et écouter

Voilà six mois qu'un nouvel archevêque et exarque du Patriarcat de Constantinople a été intronisé à la tête de l'Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale. Nous sommes heureux que, grâce à ses charismes, un certain calme apparent soit revenu après plusieurs années fort agitées.

Mais nous regrettons amèrement que, comme son prédécesseur Mgr Gabriel, le nouvel archevêque n'écoute qu'une partie de ses ouailles, celle qui considère que si ses parents et grands-parents ont gardé et entretenu les églises construites en Europe par des Russes, ils l'ont fait pour se les approprier. Et il n'écoute pas ceux qui considèrent qu'eux-mêmes, leurs parents et grands-parents ont défendu ces églises russes contre le pouvoir soviétique persécuteur de la foi, non pour se les approprier, mais pour les faire vivre et les remettre à l'Eglise russe maintenant qu'elle n'est plus opprimée, à l'image de la parabole des talents, voire celle des vignerons.

 Nous regrettons amèrement qu'il n'écoute que ceux qui pensent que l'Eglise russe est à ce point indigne que s'en rapprocher mettrait en danger la pureté de l'orthodoxie transmise par leurs parents, pureté qu'ils s'imaginent devoir préserver jalousement de toute possible contamination par des contacts avec le Patriarcat de Moscou. Et qu'il n'écoute pas ceux qui se réjouissent de la renaissance miraculeuse de l'Eglise russe à partir de presque rien et jugent que la grâce et la sainteté ne l'ont jamais quittée, même s'il n'est évidemment pas facile de relever la spiritualité du peuple russe après les dégâts causés par le pouvoir athée « combattant Dieu », comme on l'exprime en russe (богоборческая власть).

 Nous regrettons amèrement qu'il n'écoute que ceux qui s'attribuent les mérites des grands théologiens russes réfugiés à Paris après la révolution et considèrent leurs œuvres comme leur héritage exclusif. Et qu'il n'écoute pas ceux qui regardent avec intérêt et sympathie les développements de la théologie en Russie, où l'on connaît maintenant les théologiens de l'émigration, mieux que chez nous, et où l'on fait un intense effort de formation pour éviter d'éventuelles dérives provoquées par l'affaiblissement de la tradition ecclésiale pendant la période soviétique.

 Nous regrettons amèrement qu'il n'écoute que ceux qui s'autoproclament « embryon de l'Eglise locale » pour justifier la position canonique aberrante de l'Archevêché. Et qu'il n'écoute pas ceux qui estiment que cette aberration n'a plus aucune raison de se poursuivre car sa cause (les persécutions de l'Eglise en Russie) a disparu. Et qu'en plus, elle entraîne le Patriarcat de Constantinople dans une situation impossible dans laquelle il exerce sa sollicitude en Europe occidentale à travers deux hiérarchies épiscopales parallèles : les métropolites grecs dirigeant des diocèses par pays (comme Monseigneur Emmanuel, Métropolite de France, par exemple) et, en même temps, par le truchement d'un archevêque, exarque de sa sainteté le Patriarche, ayant autorité sur des communautés russes, ou d'origine russe, situées dans les mêmes pays. Le phylétisme n'est pas loin !

 Nous regrettons amèrement cette situation, mais nous n'allons pas étaler bruyamment notre désaccord par des manifestations de type syndical, totalement inappropriées en Eglise, comme on a pu en déplorer à Paris. Nous considérons cela, non seulement comme indigne, mais comme un signe manifeste des dérives qui se sont développées dans ce corps ecclésial.

 Nous voudrions espérer que l'actuel archevêque saura résister à cette nouvelle pensée unique apparue parmi les membres de l'archevêché, qui ont progressivement marginalisé, par des méthodes douteuses, tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec eux. Nous avons toujours dit et pensé que toutes ces questions, ayant trait à la situation canonique, auraient dû donner lieu à un débat ouvert, y compris avec les patriarcats de Constantinople et de Moscou. Il n'est jamais bon de maintenir les problèmes sous le tapis ou de nier leur existence. Il n'est peut-être pas trop tard pour ouvrir, enfin, cette discussion.

Séraphin Rehbinder

Président de l'OLTR

Novembre 2016

 

 

 

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