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O L T R
MOUVEMENT POUR UNE ORTHODOXIE LOCALE
DE TRADITION RUSSE en Europe occidentale
“ Nous avons transmis la foi, l’espoir et l’amour du Seigneur à nos jeunes et aux natifs d’Occident...
Mais nous ne pouvons vivre que parce que nos racines demeurent dans la Sainte Russie. ”

Communiqué N°3

Car Dieu n'est pas un Dieu de désordre mais un Dieu de paix.
1 Corinthiens, 14,33.

Les membres de l'OLTR ont pris connaissance avec grand intérêt du texte de la déclaration intitulée "L'unité orthodoxe en France et en occident : notre responsabilité commune". Ils pensent qu'elle constitue un apport important au débat sur l'organisation de l'Église orthodoxe en Europe occidentale, débat qu'ils ne cessent d'appeler de leurs vœux et qui nous concerne tous.

Il est tout d'abord réconfortant de constater que les analyses des signataires sont, sur la majorité des points, identiques à celles qui ont été exprimées par l'OLTR.

Ils appellent à œuvrer "pour un rassemblement de tous les orthodoxes… dans l'unité eucharistique et dans une structure canonique qui soit conforme à l'ecclésiologie orthodoxe… ecclésiologie territoriale…" sans "nationalisme" mais sans "rupture avec les cultures et les langues des uns et des autres". Ce sont, presque mot pour mot, les objectifs statutaires de l'OLTR. Il convient de rappeler ici que l'un des buts principaux de celle-ci est d'œuvrer activement pour le rétablissement plein et complet de la communion eucharistique entre tous les orthodoxes et en particulier, avec les seuls orthodoxes qui en restent partiellement exclus en Europe, à savoir les membres de l'EORHF (Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontières).

 

De même, il y a plein accord pour reconnaître le chemin parcouru. Tous les orthodoxes vivant en Europe de l'Ouest, quelle que soit leur origine, ont conscience de l'existence des autres orthodoxes et les reconnaissent comme tels. La création du Comité inter-épiscopal a manifesté, en son temps, cette prise de conscience. Sa transformation en "Assemblée des Évêques Orthodoxes de France" a donné plus de poids à cet organisme, sans toutefois, changer sa nature. Il reste l'expression d'une "situation transitoire, qui préparera le terrain pour une solution strictement canonique du problème" selon les termes mêmes de la Commission préparatoire au Saint et Grand Concile Pan-orthodoxe, qui en a recommandé la constitution. Et ce n'est pas faire offense aux évêques qui le composent que de rappeler cet état, encore non conforme aux Canons et provisoire, de l’AEOF et les encourager à aller plus loin.

Malgré tout le désir qu'on en a, il paraît en effet prématuré de parler, comme le font les signataires du document, de "l'unité ecclésiale et la communion eucharistique dans laquelle nous nous trouvons…" Communion eucharistique, oui, mais certains orthodoxes en sont encore exclus. Unité ecclésiale, pas vraiment, puisqu'une demi-douzaine d'évêques exercent, par exemple, leur juridiction sur une ville comme Paris et plusieurs y résident. "Là où est l'évêque, là est l'église" dit l'adage patristique. S'il y a plusieurs évêques en un même lieu, y a-t-il vraiment "unité ecclésiale", aussi profonde que puisse être leur foi commune et aussi bonnes que puissent être leurs relations ?

Il ne convient pas d'occulter le fait que nous restons divisés en juridictions, et que cela demeure une aberration ecclésiologique. Certes, le chemin parcouru est appréciable, mais l'essentiel reste à faire. Idéaliser la situation actuelle et la pérenniser risque de brouiller la vision qu'ont les orthodoxes de nos contrées de l'organisation de l'Église. On trouve déjà, par exemple, des orthodoxes qui souhaiteraient rattacher leur paroisse à "l'Assemblée des évêques", ce qui signifierait que la fonction épiscopale peut être exercée conjointement par plusieurs personnes. Or celle-ci, à l'image du Christ, est toujours personnelle et unique.

Mais comment avancer ? Les signataires de la déclaration du 13 juillet préconisent, fort justement, de s'en remettre à "toutes les Eglises autocéphales" pour "conférer à l'orthodoxie en Europe Occidentale un statut véritablement canonique".

Les membres de l'OLTR considèrent que cette attente ne nous dispense pas d’agir. La construction de l'Église locale concerne avant tout les orthodoxes "d'ici et de maintenant". Certes, elle devra obligatoirement être approuvée par les Eglises Autocéphales, mais c'est à nous qu'il appartient de préparer les décisions. L'Assemblée des évêques n'aurait sans doute pas existé si les orthodoxes de France n'avaient pas, par leur acharnement, obtenu la création du comité inter-épiscopal.

La voie que propose l'OLTR, s'inspirant de la proposition du primat de l'Eglise russe, est de demander à chaque Église mère, qui entretient un ou des diocèses en Europe Occidentale, de conférer l'autonomie d'administration à ces diocèses, en vue de la construction de l'Eglise locale. La responsabilité de construire cette Église serait ainsi confiée aux principaux intéressés. Alors l'unité orthodoxe en France et en Europe occidentale serait véritablement notre responsabilité commune. Il faudrait que les membres de ces entités autonomes, c'est à dire nous-mêmes, s'entendent sur un découpage de l'Europe en diocèses, ne se recouvrant pas, et sur les modalités d'élection des évêques et du Primat.

Cette voie, que soutient l'OLTR, aurait bien des avantages :

1. Elle donnerait une perspective concrète de travail et de progrès réels vers l'Église locale.
2. L'unité des orthodoxes en Europe occidentale serait l'œuvre commune de tous les orthodoxes qui y vivent, et à travers eux, de leurs Églises mères. Cette unité serait construite ensemble, à partir non pas d'un archevêché ou d'une métropole particulière, ce qui paraîtrait prétentieux et irréaliste, mais à partir de tous les diocèses existants.
3. Elle permettrait à chaque personne ou communauté de garder la culture et la tradition à laquelle il est attaché tout en étant pleinement dans l'Église "Une".
4. Elle permettrait à une AEOEO, (Assemblée des Évêques Orthodoxes d'Europe Occidentale), qui serait bien entendu au cœur de ce processus, d'évoluer vers un véritable synode pour ensuite désigner en son sein un primat (1).
5. Elle permettrait d'éviter que les malentendus qui peuvent parfois exister entre Églises Autocéphales sur d'autres questions, comme par exemple sur celui de la primauté, ne viennent empêcher la solution de notre problème ecclésiologique (2).

C'est bien parce que l'appel du primat de l'Église russe ouvre toutes ces perspectives que l'OLTR s'y est intéressée. Elle appelle tous les orthodoxes, que l'état de division juridictionnelle de l'Orthodoxie dans nos pays accable, à réagir à ces propositions, porteuses d'espérance pour beaucoup, à les soutenir, les critiquer ou les améliorer. Enfin l'OLTR est en plein accord avec les signataires de la lettre pour refuser les tentations de morcellement ou de replis identitaires, si tant est qu'elles existent chez certains.

Séraphin Rehbinder
Président

[1]. L'assemblée des évêques d'une Église locale rassemble les évêques des différents diocèses de cette Eglise et non pas les différents évêques titulaires du même diocèse géographique, ce qui est le cas de l’AEOF.
[2]. Les signataires de la lettre du 13 juillet appellent à utiliser, de façon assez hardie, le 34ieme canon apostolique, qui s'applique à l'intérieur d'une Église autocéphale ou d'une province, aux relations entre les églises autocéphales. On peut certes défendre cette thèse, mais cela reste une opinion. En réalité le problème de la primauté a resurgi dans l'Église orthodoxe depuis le début du 20ieme siècle. La façon de la concevoir peut différer depuis lors, entre les diverses Églises locales. C'est un problème important. La question de la primauté a été, en son temps, un des points de désaccord avec le patriarcat de Rome. Et nous pourrions, nous Européens de l'ouest, essayer de faire progresser la réflexion sur ce sujet. Pourquoi l'Institut Saint Serge n'organiserait-il pas des colloques sur ce thème ?

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