L'assemblée générale de l'archevêché des paroisses russes d'Europe occidentale s'est tenue les 30 avril et 1er mai 2004 dans la cathédrale russe Saint Alexandre Nevsky de la rue Daru à Paris, un an après l'appel lancé par le primat de l'Eglise russe aux membres des trois juridictions issues de l'Eglise russe. Le débat, qui avait été promis par le candidat au poste d'archevêque, par sa lettre du 8 avril 2003, n'a cependant toujours pas été ouvert par l'archevêque élu.

Au lieu de cela l'archevêché semble avoir mis en place une politique de "reprise en main" qui consiste à éloigner systématiquement de tout poste de responsabilité tous ceux qui ont une opinion favorable à cet appel, comme s'il fallait se défier de ces personnes.

Mais pour ceux qui ont lu la lettre du primat de l'Eglise russe avec attention et ont bien compris qu'il ne s'agissait pas d'un appel au "retour à Moscou", comme ses opposants veulent le faire croire, il est incontestable qu'elle abordait des questions essentielles pour tous les orthodoxes d'Europe occidentale. Elle posait le problème de la fidélité aux Eglises mères, de notre responsabilité envers les Européens de l'Ouest et les nouveaux émigrés, de la création d'une Eglise locale. Indirectement elle abordait aussi les questions des rapports entre l'orthodoxie et la culture, les traditions nationales et ecclésiales, du rôle du patriarcat de Constantinople, de la vocation des édifices religieux spécifiques (russes, grecs, roumains, etc.) de nos pays et bien d'autres encore.

Il reste indispensable d'organiser un vaste débat, en Eglise, qui permettrait d'arriver, non pas a un compromis, mais à, des décisions acceptées par tous uniquement parce qu'elles seraient pleinement orthodoxes aussi bien dans la lettre que dans l'esprit.

C'est justement le mérite de cet archevêché que d'avoir développé dans le passé une conscience nette de sa vocation dans le monde occidental, en termes de renouveau théologique et d'enracinement ecclésial et grâce à une pensée riche et empreinte de liberté chrétienne.

Au lieu de continuer sur cette voie, l'archevêché tend à s'aligner systématiquement sur les vues du patriarcat de Constantinople comme on peut l'observer ces derniers temps. Et cela au moment même où ce dernier développe des positions unilatérales et discutables:

-il revendique une vocation à diriger seul les orthodoxes en Europe de l'Ouest, en Amérique et en Australie

- il prétend avoir une fonction institutionnelle de coordination des Eglises sœurs.

-il continue à accroître la confusion en soutenant la création d'Eglises parallèles sur des territoires où existaient déjà des Eglises rattachées au patriarcat de Moscou (Amérique du Nord, Estonie…)

La politique du Patriarcat de Constantinople, qui génère des conflits récurrents avec les autres Eglises (Archevêché d'Athènes, Patriarcat de Jérusalem, de Moscou etc.) commence à inquiéter le monde orthodoxe autant, voire bien plus, que"l'expansionnisme"ou les"maladies" du Patriarcat de Moscou.

Les membres de L'OLTR sont préoccupés par ces évolutions de l'archevêché, si peu conformes à ses traditions et à celles de l'Eglise orthodoxe. Ils ne comprennent pas comment l'archevêché peut ainsi renoncer à sa vocation spécifique et couvrir d'opprobre et de défiance certains de ses membres et les écarter pour "délit d'opinion".

Pour sa part, l'OLTR poursuivra son action afin de promouvoir la fidélité à la tradition russe de ceux qui en sont les héritiers et la réconciliation entre les trois juridictions issues de l'Eglise russe. Elle observe avec sympathie et espoir les contacts qui s’approfondissent entre le Patriarcat de Moscou et l’Eglise orthodoxe russe hors-frontière. Ces événements historiques donnent à notre association une motivation supplémentaire de soutenir la création de la métropole véritablement autonome proposée par le primat de l'Eglise russe et de rechercher la voie vers l'Eglise locale explicitement contenue dans son appel, car elle lui paraît juste.