Au sujet de la situation à Nice

L’Archevêché des Eglises Russes en Europe Occidentale, qui s’est placé sous « la protection canonique provisoire du Patriarcat de Constantinople » s’est trouvée en conflit juridique avec l’Etat russe au sujet de la propriété de la Cathédrale russe de Nice.

A cette occasion, les dirigeants de l’association cultuelle de la cathédrale diffusent un certain nombre d’affirmations au nom des « Russes Blancs » et de leurs descendants. Ces derniers seraient, dans leur grande majorité, scandalisés par les positions de la Russie. Par ailleurs, les revendications de ce pays seraient honteuses, car elles émanent des héritiers des assassins du Tsar Nicolas II, qui avait fait construire la cathédrale.

Les membres de l’OLTR, association qui regroupe des orthodoxes de nos pays, attachés au maintien, sur le plan local, de l’orthodoxie de tradition russe, déplorent de telles affirmations. Ces accusations témoignent du refus de leurs auteurs d’accepter l’évolution de l’histoire en n'acceptant pas les changements profonds qui ont marqué la Russie depuis plus de quinze ans. Les restes présumés de la famille impériale, massacrée par les bolcheviques, ont été solennellement réintégrés, par l’Etat, dans la nécropole des monarques russes.

Canonisée par l'Eglise, la famille impériale fait l'objet d'un culte particulièrement fervent en Russie, souvent associé à un repentir sincère. Faut-il le rappeler, le peuple russe est celui qui a le plus souffert du joug soviétique et payé le plus lourd tribut humain à l'ogre communiste. Il revient progressivement à la foi et à l'Eglise, qui elle, fait son possible pour l'accueillir, le catéchiser et le spiritualiser. Ses dirigeants, confrontés à l'héritage catastrophique et hideux laissé par le bolchevisme, sont ce qu'ils sont, mais beaucoup d'entre eux luttent sincèrement pour rétablir l'honnêteté et le droit. Identifier la Russie actuelle à celle des bolcheviques est un non-sens historique.

Beaucoup de descendants d’émigrés russes de la première génération restés orthodoxes ont rétabli leur lien canonique avec le Patriarcat de Moscou. Un des représentants actuels éminents de la famille Romanoff, l’aîné d’entre eux, a publiquement déclaré que, selon lui, la cathédrale russe de Nice appartenait à la Russie.

Quelles que soient les opinions de chacun, les membres de l’OLTR ne veulent pas se prononcer sur le problème juridique. Le bail emphytéotique, objet du litige par lequel la cathédrale de Nice a été confiée aux autorités religieuses pour un certain délai, a été signé il y a cent ans et beaucoup de choses ont changé depuis. Mais ils désapprouvent formellement le comportement belliqueux des dirigeants actuels de l’association cultuelle de Nice et appellent à une attitude plus adéquate. La voie du dialogue a été formellement proposée par la partie russe et il ne serait que normal d’explorer cette voie afin de mettre un terme à ce conflit, sur fond religieux, qui ne fait pas honneur à l’Orthodoxie.