Un avant et un après. Pour tous ceux qui ont eu la joie de participer aux cérémonies entourant la signature, le 17 mai dernier à Moscou, de l'Acte de réunion canonique entre le Patriarcat de Moscou et l'Eglise orthodoxe russe hors frontières, la cause est entendue. Un élan de foi et de joie presque indicible a tout emporté sur son passage, balayant les derniers résidus éventuels de réticence et laissant les cœurs purifiés par ces jours d'intense prière commune. C'est le cadeau qu'ont reçu tous les participants à cette réconciliation historique. D'où qu'ils soient venus, tous en sont repartis touchés en profondeur, à un moment ou un autre, par ce rayon céleste, épuisés mais remplis d'énergie et d'espoir. [...]
La semaine prochaine aura lieu, comme tous les trois ans, l’assemblée générale de l’Archevêché. La vie cet organisme a connu, depuis sa dernière assemblée générale, une évolution qui apparaît comme inquiétante à bien des égards pour beaucoup d’orthodoxes vivant en France. De fait, le destin de ce corps ecclésial ne peut laisser indifférents les orthodoxes de ce pays.
En effet, son fondateur, le Métropolite Euloge, avait su lui insuffler un certain nombre de principes et de traditions qui en faisait un élément de stabilité et d’équilibre dans le monde de l’orthodoxie en Europe. Ce hiérarque avait un attachement particulier pour la liberté de l’Église et dans l’Église. Il a su apprécier l’indépendance, vis à vis du pouvoir politique, qu’offrait la France à toutes les organisations religieuses, situées sur son sol. Mais, plus encore, il avait fait prévaloir une liberté fondamentale au sein de son diocèse. Toutes formes d’opinions ou d’actions y avaient droit de cité. Si le Métropolite savait parfaitement discerner les faiblesses de chaque initiative, il savait également apprécier ses aspects positifs et ses mérites. Son esprit de liberté, sans laquelle il ne concevait pas la vie de l’Église, allait jusqu’à laisser librement s’éloigner de son diocèse, certes avec regret, mais sans aucune mesure coercitive, les paroisses qui, pour une raison ou une autre, choisissaient de le faire. Il avait conscience, en effet, de ce que la situation en diaspora était un phénomène nouveau et que le consensus de l’Église n’avait pas encore donné une solution définitive aux problèmes qu’elle soulevait dans le monde orthodoxe. Cette liberté fondamentale qui régnait dans le diocèse a toujours été, dans le passé, une caractéristique majeure et exceptionnelle de cet Archevêché.
Tous les orthodoxes qui attendent l’unification de l’Eglise orthodoxe en Europe de l’Ouest, connaissent l’Assemblée des Evêques orthodoxes de France (AEOF). Cette institution représente en effet une première manifestation visible de la volonté commune de progresser vers la suppression des diverses « juridictions » existantes sur le même territoire, dont la superposition est si peu conforme aux canons de l’Eglise. Du reste, Sa Sainteté le Patriarche Bartholomé ne manque pas une occasion de féliciter les orthodoxes de France de l’existence de l’AEOF.
Mais méritons-nous vraiment de tels compliments ?
Cette assemblée existe depuis plus de quinze ans, mais malgré tous les souhaits, aucun progrès réel n’a véritablement été fait en direction d’une organisation de notre Eglise conforme aux canons et à la tradition orthodoxe. Nous polluons toujours le message d’amour, d’espoir et de reconnaissance, pour notre salut, qui est celui de l’Evangile que nous voulons annoncer, par la triste réalité de nos divisions juridictionnelles
Pouvons nous nous résigner à la situation présente ? Existe-il des voies et moyens que nous pourrions explorer et suggérer à nos hiérarques et nos Eglises-mères pour essayer de sortir d’une si scandaleuse situation ?
Verbatim de l'intervention à la 5e Table Ronde de l’OLTR
le mardi 13 février 2007, Paris
Le texte fourni ici est une transcription effectuée à partir d’un enregistrement sur cassette. Les lecteurs, nous l’espérons, excuseront les inévitables imperfections et imprécisions.
La publication de tout ou partie de ce document doit obligatoirement être accompagnée d’une référence :
©http://www.oltr.fr et Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
©d traduction père Alexandre (Siniakov) pour la communication, Nikita Krivochéine pour les questions/réponses.
Le 17 mai prochain,jour de l’Ascension de Notre Seigneur, des millions de cœurs orthodoxes fidèles à la tradition russe vont pouvoir battre à l’unisson dans la joie.
Les retrouvailles canoniques du Patriarcat de Moscou et de l’Eglise orthodoxe russe hors frontières vont marquer une première étape fondamentale dans la reconstitution de ce corps spirituel amputé par la tragédie révolutionnaire, l’Eglise Russe, notre mère si longtemps ensanglantée et martyrisée. Il est permis d’espérer que ce rapprochement, qui constitue la réponse de l’EORHF à la lettre du Patriarche Alexis II d’avril 2003, va se poursuivre et s’approfondir, avec des conséquences bénéfiques, en Russie comme au-dehors. Le 13 février prochain, la cinquième table ronde de l’OLTR aura pour invité Mgr Marc, Archevêque de Berlin et d’Allemagne (EORHF), qui a conduit les négociations pour son Eglise. [...]
Communiqué spécial - “Publication de l’Acte de communion canonique”
A propos de la publication de l’acte de communion canonique entre le Patriarcat de Moscou et l’Eglise Russe Hors Frontière
Le Patriarcat de Moscou et l’Église Orthodoxe Russe Hors frontières viennent de publier l’Acte de communion canonique qui doit être prochainement signé par les représentants des deux Eglises.
On ne peut que se réjouir et remercier le Seigneur qui a rendu possible ces efforts de réconciliations. On doit rendre hommage aux hiérarques qui ont initié, d’abord des contacts fraternels, et ensuite un rapprochement rétablissant la communion eucharistique, sur des fondements de respect mutuel, et de reconnaissance des spécificités de chacun.
Appel à la sagesse pour surmonter les tensions.
L’OLTR observe avec inquiétude et consternation les évènements qui secouent l’Orthodoxie en Europe occidentale depuis quelques mois et qui marquent un recul sensible de l’espoir de voir émerger une Église locale, fondée sur le principe territorial, dans nos pays.
Un évêque demande à changer de patriarcat car il estime impossible de faire cohabiter dans un même diocèse, celui qu’il dirige, des personnes d’origine ethnique différentes. Certes accepter la différence, supporter les disputes et les oppositions est souvent difficile. Mais cela autorise-t-il à fractionner l’Église « une et indivisible » en groupes de vision, de sensibilité ou d’origines ethniques différentes ?
A propos des évènements actuellement vécus par l’Eglise orthodoxe en Europe
Les membres de l’OLTR se réjouissent des progrès décisifs accomplis sur le chemin de la ré-union canonique et eucharistique entre l’Eglise Orthodoxe Russe HorsFrontières et le Patriarcat de Moscou, au cours du concile de l’EORHF qui vient de se terminer à San Francisco. Ils considèrent qu’il s’agit d’un acte de rassemblement de grande signification et appellent à réfléchir aux conséquences que cet événement peut avoir en Europe occidentale, notamment sur l’émergence d’une Métropole, auto administrée, dans l'esprit de La proposition du Patriarche Alexis formulée le 1er avril 2003 et regroupant toutes les composantes issues de l’Eglise russe d’avant la révolution bolchevique, dans l’attente de la naissance d’une véritable Eglise locale.
L’OLTR déplore, par ailleurs, les problèmes surgis au sein du diocèse de Souroge. Elle comprend parfaitement la difficulté de faire coexister des chrétiens orthodoxes de diverses origines (émigrés récents ou occidentaux de souche), de différentes sensibilités (traditionalistes ou réformateurs), de milieux sociaux ou culturels variés, etc., dans un même corps ecclésial. Mais elle considère que c’est la nature même de l’Eglise que de dépasser ce genre de difficultés. Il serait vain d’espérer construire une Eglise locale sur un territoire où de tels problèmes s’avèreraient insurmontables. Or, il n’y a pas d’autre choix, seul le principe territorial s’applique pour l’organisation de l’Eglise et il ne peut y avoir une juridiction pour les russes, une autre pour les anglais, ou une pour les traditionalistes et une autre pour les réformateurs etc. Il est donc indispensable de résoudre ces difficultés, et nous croyons que cela est possible, puisque « les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre [l’Eglise] ».