Le phénomène Femen et autres Pussy riot
Il y a quelque temps, de jeunes femmes encagoulées se sont précipitées sur l’ambon de la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou et ont commencé à danser en parodiant une prière à la Mère de Dieu et lui demandant de les débarrasser de Poutine. Ce blasphème a été douloureusement ressenti par les chrétiens de Russie. Il y eut même une polémique, car certains réclamaient une sanction sévère de ces actes et d’autres appelaient à la clémence.
Le primat de l’Eglise russe porte le titre de Patriarche de Moscou « и всея Руси ». En français, cela devient souvent Patriarche de Moscou « et de toute la Russie » ou « et de toutes les Russies ».
La première traduction est manifestement inexacte et la deuxième n’est pas très compréhensible pour des personnes peu familiarisées avec l’histoire de la Russie.
En réalité, la bonne traduction serait « et de toute la Rus’ (Pусь) ». Mais qu’est-ce que cela veut dire exactement ?
Le jour de la fête de saint Alexandre de la Néva, Monseigneur Job, élu à cette fonction, a été solennellement intronisé à la tête de l'archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale. Le samedi précédent, il avait été consacré à l'épiscopat au siège du patriarcat de Constantinople.
L’Archevêque Gabriel nous a quittés. Un hommage émouvant lui a été rendu par le Métropolite Emmanuel dans son oraison funèbre. Nous ne pouvons que nous associer à cet hommage.
Au même moment, l’assemblée générale extraordinaire de l’archevêché s’est tenue. Elle ne s’est pas déroulée comme prévu, ce qui fut un choc pour beaucoup. Il est encore trop tôt pour commenter ces événements, mais l’on peut déjà deviner certaines orientations.
Lettre aux archimandrites Syméon Cossec, Job Getcha, Grigorios Papathomas.
Très révérends Pères,
Vous avez accepté d’être candidats à l’élection de l’évêque dirigeant de l’Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale, placé sous l’omophore du patriarche de Constantinople.
Après avoir reçu l’accord de Mgr Emmanuel pour ce faire, nous voudrions partager avec vous les questions qui préoccupent un certain nombre de fidèles de cet Archevêché en vous demandant quelles réponses, ou ébauches de réponses, vous pourriez apporter.
La crise que traverse l’Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale s’avère de plus en plus féconde. En effet, les fidèles s’aperçoivent, peu à peu, que le véritable problème sous- jacent à cette crise n’est pas tant le choix des candidats à la succession de l’archevêque démissionnaire, que la place de cette entité ecclésiale dans l’Eglise. Pétris de théologie de l’Eucharistie, les fidèles sont persuadés que, chaque fois qu’ils célèbrent la liturgie eucharistique en commun, ils « sont » l’Eglise. Et, ils ont parfaitement raison de penser cela. Mais, il faut aussi avoir conscience qu’il existe des liturgies célébrées par des clercs schismatiques, voire hérétiques. Pour être dans l’Eglise, il faut donc, que la liturgie célébrée le soit en communion avec toute l’Eglise et cette communion passe par l’épiscopat. Les évêques sont responsables les uns des autres et attestent l’orthodoxie, l’appartenance à l’Eglise de chacun d’entre eux.
Une inquiétude, de plus en plus palpable, se développe au sein de l’Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale, à mesure qu’il devient toujours plus patent que les vues du patriarcat de Constantinople ne coïncident, nullement, avec la représentation de son avenir qu’imaginent les dirigeants actuels de ce diocèse.
Présentement, l’attention se focalise(*) sur une disposition des statuts, qui stipule que les candidats à la fonction d’évêque dirigeant de l’archevêché doivent avoir appartenu à cette structure, au moins depuis 5 ans.
La crise que connait actuellement l’Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale concerne, évidemment, toute l’Eglise orthodoxe dans nos pays et, particulièrement, celle de tradition russe. Ce temps de crise est un temps propice à la réflexion et à un retour sur nous-mêmes.
Beaucoup d’entre nous manifestent un certain étonnement et se demandent pourquoi il n’a pas été possible d’élire simplement un successeur à l'archevêque, comme on l’a fait dans le passé.
On sent même une certaine interrogation sur l’attitude du Patriarcat de Constantinople.