L’entretien accordé par Mgr Cyrille à Victor Loupan, membre fondateur de l’OLTR, publié dans « La Pensée Russe » et repris par bon nombre de sites orthodoxes de par le monde, est à nos yeux un évènement majeur pour tous les orthodoxes et une étape essentielle dans la concrétisation du projet que nous défendons, et dont dépend l’avenir de l’orthodoxie locale de tradition russe en Europe occidentale.
L’intérêt et la densité des propos du Métropolite de Smolensk et de Kaliningrad qui est, faut-il le rappeler, membre permanent du Saint Synode de l’Eglise russe et responsable des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, sont tels que nous encourageons vivement ceux qui n’en ont pas encore pris connaissance à se reporter au texte intégral russe ou français de l’entretien, publiés sur le site Internet de l’OLTR.
«A la fin du mois d’octobre, à l’occasion de l’ouverture à Bordeaux d’une nouvelle paroisse de l’Église Orthodoxe Russe (Patriarcat de Moscou), se trouvait en France le métropolite Cyrille de Smolensk et Kaliningrad, président du Département des Relations Extérieures du Patriarcat de Moscou.
Le 24 octobre 2004 il a rencontré à Paris le journaliste français Victor Loupan, connu pour ses nombreux reportages sur la Russie dans le “Figaro-Magazine”. Victor Loupan est également membre fondateur de l’OLTR».
L’hebdomadaire russophone «La Pensée Russe» (Paris) publie l’entretien du métropolite Cyrille avec Victor Loupan.
(«La Pensée Russe», N40 (4525), pp. 1, 4-5)
TRADUCTION PRIVÉE
Le débat actuel sur le modernisme liturgique, essentiel pour nous tous, reste souvent trop théorique. Une récente visite à l’une des paroisses francophones de notre Archevêché parisien me permet de lui donner un peu de matière concrète. Voici une petite liste (non exhaustive) de ce que, habitué à un office plus classique, j’ai trouvé surprenant à cette occasion.
Toutes les prières du prêtre, sans exception, sont dites à voix haute. Les portes de l’iconostase restent ouvertes pendant tout l’office. Pendant l’homélie, les fidèles s’assoient sur le sol, certains devant l’iconostase, le dos tourné vers le sanctuaire. Le nombre des ecténies a sensiblement diminué et leur contenu est souvent peu traditionnel.
Il n’y a pendant l’office aucune mention de la Russie ou des Russes en diaspora.
La seule langue utilisée (en dehors de Kirie eleïson) est le français. [...]
Cette annexe à pour objectif de faciliter la compréhension correcte des références canoniques concernant la primauté contenues dans la lettre du 13 juillet 2004.
La déclaration du 13 juillet 2004 comporte le paragraphe suivant :
«Cette ecclésiologie implique la catholicité/conciliarité, dont l’exercice est indissociable de la primauté, actuellement exercée par le Patriarcat de Constantinople, la “Nouvelle Rome”. La primauté ou “présidence dans l’amour et à l’amour” doit être assumée dans l’esprit du 34ième canon apostolique : “Les évêques de chaque territoire [mot à mot : chaque nation, habitant un territoire donné] doivent reconnaître celui qui, parmi eux, est le premier [leur primat], et le considérer comme leur tête, et ne rien faire d’exceptionnel sans son avis. Chacun d’eux ne doit s’occuper que de ce qui concerne son diocèse et les territoires qui en dépendent. Mais que le premier non plus ne fasse rien sans l’avis de tous les autres. Ainsi la concorde règnera-! t-elle, et Dieu sera-t-il glorifié… Père, Fils, et Saint-Esprit.”»
Quelqu’un qui lirait rapidement ce texte pourrait comprendre que les évêques de chaque nation orthodoxe (ethnie), habitant le territoire France, doivent reconnaître la primauté du «représentant» du patriarcat de Constantinople, puisque ce Patriarcat est détenteur de la primauté dans l’Eglise orthodoxe.
Bien entendu ce serait une fausse interprétation, certainement contraire à l’intention des auteurs. Il convient tout d’abord de distinguer les niveaux de primauté qui sont présentés dans ce texte.
Car Dieu n'est pas un Dieu de désordre mais un Dieu de paix.
1 Corinthiens, 14,33.
Les membres de l'OLTR ont pris connaissance avec grand intérêt du texte de la déclaration intitulée "L'unité orthodoxe en France et en occident : notre responsabilité commune". Ils pensent qu'elle constitue un apport important au débat sur l'organisation de l'Église orthodoxe en Europe occidentale, débat qu'ils ne cessent d'appeler de leurs vœux et qui nous concerne tous.
Il est tout d'abord réconfortant de constater que les analyses des signataires sont, sur la majorité des points, identiques à celles qui ont été exprimées par l'OLTR.
Ils appellent à œuvrer "pour un rassemblement de tous les orthodoxes… dans l'unité eucharistique et dans une structure canonique qui soit conforme à l'ecclésiologie orthodoxe… ecclésiologie territoriale…" sans "nationalisme" mais sans "rupture avec les cultures et les langues des uns et des autres". Ce sont, presque mot pour mot, les objectifs statutaires de l'OLTR. Il convient de rappeler ici que l'un des buts principaux de celle-ci est d'œuvrer activement pour le rétablissement plein et complet de la communion eucharistique entre tous les orthodoxes et en particulier, avec les seuls orthodoxes qui en restent partiellement exclus en Europe, à savoir les membres de l'EORHF (Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontières).
L'assemblée générale de l'archevêché des paroisses russes d'Europe occidentale s'est tenue les 30 avril et 1er mai 2004 dans la cathédrale russe Saint Alexandre Nevsky de la rue Daru à Paris, un an après l'appel lancé par le primat de l'Eglise russe aux membres des trois juridictions issues de l'Eglise russe. Le débat, qui avait été promis par le candidat au poste d'archevêque, par sa lettre du 8 avril 2003, n'a cependant toujours pas été ouvert par l'archevêque élu.
Au lieu de cela l'archevêché semble avoir mis en place une politique de "reprise en main" qui consiste à éloigner systématiquement de tout poste de responsabilité tous ceux qui ont une opinion favorable à cet appel, comme s'il fallait se défier de ces personnes.
« Il est indispensable de conserver des intentions fermes et constantes. Dieu aidera à la réalisation de cette noble entreprise et, pour Lui, il n’y a pas d’obstacles», écrivait en 1847 le père Joseph Vassiliev. Quinze ans plus tard, après une révolution, deux changements de régime et une guerre franco-russe, il verra aboutir l’œuvre de sa vie, la construction de notre actuelle cathédrale Saint-Alexandre-Nevski dont il deviendra le premier recteur. Nous pouvons nous inspirer de l’exemple de ce prêtre bâtisseur. Nous partageons son dessein : vivre notre foi, ici et maintenant, dans un scrupuleux respect de la tradition russe, et témoigner, sans complexes ni faux-fuyants, de notre choix dans les pays d’Europe dont nous sommes les citoyens. Nous pensons que les orthodoxes de la diaspora russe, et ceux de toutes origines qui l’ont librement rejointe, ont le devoir moral de conserver des liens privilégiés avec l’Église russe sous ses divers aspects juridictionnels, ce qui entraîne aussi l’obligation de s’impliquer dans le processus de sa réunification et de son essor. Le nom de notre bulletin, Vmeste (Ensemble), symbolise notre souhait de participer du mieux que nous le pourrons à cette tâche commune. [...]
Didier Vilanova
Tout d’abord, je tiens à préciser que ce n’est pas en tant que secrétaire général de la Fraternité Orthodoxe que je m’exprimerai, mais en mon nom propre, et mes propos ne sont que le reflet de mon expérience personnelle.
Je suis entré il y a plus de 25 ans dans l’Eglise orthodoxe, au sein de notre archevêché : je suis ce que l’on appelle dans notre jargon un «français de souche», un converti. Depuis une vingtaine d’années, je suis chef de chœur à la paroisse de la Sainte-Trinité qui célèbre dans la crypte de la cathédrale. Membre de la Fraternité orthodoxe en Europe occidentale, j’en suis le secrétaire général depuis 4 ans. C’est d’ailleurs au sein de la Fraternité que j’ai d’abord pu réfléchir à cette fameuse «Église locale», une Église autonome, responsable et indépendante pour l’Occident. J’ai aussi fait parti de la commission Avenir de l’archevêché qui avait été mise en place par feu l’archevêque Serge et qui a rendu son avis, peu avant son décès.